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dimanche 21 novembre 2010

A ma soeur (petit texte maladroit)

Je voudrais te construire

des passerelles en arc en ciel

te transformer en belle sauterelle pour que tu sautes d'un jour à l'autre, d'un point à l'autre, sans peur et sans hésitation, aussi légère que l'air sur tes ailes toujours vertes.

Je voudrais te servir des cascades de couleurs, des êtres merveilleux ou trapus très grands, pour prendre soin de toi, petit crâne de pirate, pour que tu nages là-bas au milieu des nuages avec un sourire plus large que la surface de ton visage.

Je voudrais rendre belle ta vie qui ne sera jamais simple, je voudrais rendre belle ta vie, plus belle encore que tu ne peux l'imaginer, pour qu'elle soit suffisamment grande pour héberger ce que tu es, pour te contenir toute entière, te protéger et te bercer.

Je voudrais te donner...

Mais il est tard, vois-tu, déjà trop tard pour moi. J'étais remplie d'étoiles mais leurs branches en tombant m'ont toute saignée aux quatre veines et ont tué les alouettes dans le miroir qu'elles ont brisé.

Nos idéaux trop hauts nous ont ratiboisées, nos idéaux trop haut nous ont ratiboisées.

Et nos idées trop belles nous ont abandonnées.

Mais peut-être que tu pourrais. Peut-être que toi.

Peut-être si tu me donnes un peu de fil à retordre pour lifter mes sourires avec du fil de toi, peut-être qu'on pourrait recoudre dans le ciel quelques lumières par-ci par-là.

Peut-être qu'on pourrait redonner vie aux alouettes aux ailes cassées, comme ça, avec des "comme si".

Peut-être, peut-être si on essaye et si tu revenais, si tu redescendais de ton absence pour me montrer comment on fait, comment ça marche ici, en bas, pour me rendre un peu de ton innocence, de tes espoirs, de tes croyances.

Peut-être, petite soeur, peut-être.

Si tu voulais bien

vivre pour moi.

dimanche 26 septembre 2010

Bernard Marie Koltès 4 ever

"L'absolue cruauté n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleure ; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou de l'animal qui rend l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur de jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date."

Bernard Marie Koltès -Dans la solitude des champs de coton

jeudi 23 septembre 2010

Nervous breakdown en love mineur

* dialogue entre moi et moi-même *

L'urgence
Trouver l'urgence de l'écriture pour sortir la tête du flow
Le transformer en mots, en phrases, en suite de termes qui peut-être finiront par former du sens
mettraient un terme
à la dégringolade.
Mon écriture se déconstruit au fil des peines que tu m'infliges
Mon écriture
me sauve
De la honte et de la destruction
d'en être encore là.

J'ai cherché les plaies
J'ai cherché ces espaces où enfoncer le glaive
où enfoncer mon stylo
pour gratter
gratter les croutes ou le papier
J'ai cherché l'inspiration dans les chairs entrouvertes
Les interstices des corps béants.

J'ai voulu abriter mon coeur dans n'importe quelle poitrine pourvu qu'elle le fasse battre
Electrochocs
J'ai cherché l'inspiration dans ton sourire perdu
Raviver les couleurs par des marées de maux.

Je t'ai revu.

Tu te tiens là, toujours droit, toujours présent.
Tu te tiens là et je te hais mon amour
Je te hais pour toujours.
Tu souffles ton air froid, ton assurance sans faille
Tu avances dans la vie et me laisses
cadavre
Des années en arrière dans les tréfonds de ta mémoire
cadavre
qui tambourine dans le placard.
Je te hais mon amour et te souhaite de tout perdre
de te retrouver nu, fébrile, dépendant
accro à une drogue qui m'a rendue amère
Je hais ta pureté et ton corps encore blanc
Je hais tes lèvres, tes bras, tes yeux,
Je te déteste comme je peux.

Je t'ai revu et je replonge dans la souillure.
Je ne peux pas pleurer.
Je ne peux pas gueuler.
Je ne peux que te regarder
sourire
comme un hymne à la vie dont je n'a rien à foutre
attendre
le bout du chemin, le bout du tunnel.
J'attends
au bord du fleuve j'attends
au soleil j'attends
dans toute ma peau, dans toute ma tête j'attends
que quelque chose se passe
que quelque chose se fracasse.
J'attends le tumulte.

Je t'ai revu pour crier ma présence, te rappeler que j'étais là et que je ne le suis plus
Je t'ai revu pour apprendre, pour grandir
pour construire ma rage
détruire mes souvenirs.
Je me tiens seule, ensanglantée, au milieu du carnage
Je n'ai plus de bras, plus de jambes
déchiquetés
plus de doigts à mes pieds
plus d'épaules, plus de tronc
Je n'ai plus qu'une bouche qui se noie dans le vent
Je suis une mare de chair qui gît sur les pavés
que tu piétines chaque jour mon amour
sans savoir quel meurtrier tu fais.

Je suis venue pour pas te dire au revoir, mon amour
Je suis venue pour surtout pas y croire
Je suis venue pour ta beauté, mon ange
Pour m'englober dans ton schéma.

Je suis venue
pour te dire que je vais bien
que tout va bien
que la vie sans toi ne sent rien
mais qu'elle vaut quelque chose
qu'elle vaut pour moi
pour mon bonheur
que tout est bien comme ça
sans douleur
sans craquements, sans heurts
qu'elle vaut
pour
...

mercredi 30 juin 2010

[Deuxième version] Lemon tree

Je me sens si... tron pressé. On m'a toujours squeezée comme on presse un citron pour me dépêcher de tout donner, de donner tout et à tout le monde comme on étrangle un agrume à mains nues.

Citron pressé, c'est ça, citron pressé de grandir sans avoir le temps de découvrir, citron pressé d'apprendre en passant par les mailles du pressoir commun pour rester dans la chaine, roulant comme sur le tapis noir d'un supermarché vers un avenir déjà tracé, l'avenir du citron pressé qu'on presse au plus vite avant qu'il ne pourrisse pour ne pas perdre une seule goutte de sa jeunesse dorée.

Citron pressé de mûrir et d'être forte, citron pressé de tout savoir, de tout connaitre, citron pressé d'être belle, comme une Shiva à trois mille bras, trois cent à l'heure dans le presseur pour presser les citrons d'avoir une bonne situation et d'être heureuse et amoureuse... et puis aussi d'être sexy avec la peau qui pique mais qui attire aussi, citron pressé dans mon corps compressé, citron pressé d'aimer tous ceux qui m'ont serrée, caressée, écrasée, tirée tout le jus de mon coeur d'agrume citronné.

On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.

Et puis voilà que tu t'amènes avec ta gueule de sucrier. De l'aspartam, j'en ai goûté mais là, je vois que c'est plus du chiqué. Tu remplaces mon acidité par plein de grains de poésie, disséminés un peu partout sur mes lèvres et puis sur toute ma vie. Tu te ramènes, des cristaux plein les yeux pour me tourner en limonade, tu me fais voir le monde avec des bulles dans les moindre détails.

Pourtant, rien n'a changé, mais le goût n'est plus le même. C'est la source qui s'est déplacée, d'un pH à un autre, de l'amer à la base.

Je suis venue te dire merci.

Parce que la poésie est entrée dans ma vie et que je vois le monde en rose Sugar Daddy. Et par toute cette prose, je recueille les morceaux et les recolle ensemble pour caraméliser le temps que je prends maintenant.

Je suis venue te dire au revoir.

Car je suis prête maintenant à raconter ce monde, à lancer des cristaux dans les yeux qui m'écoutent pour saupoudrer du haut de mon micro chaque citron qu'on presse trop.

mercredi 19 mai 2010

Lemon Tree

Je me sens [si]... tron pressé. On m'a toujours squeezée comme un citron pour me dépêcher de tout donner, de donner tout et tout d'un coup comme on étrangle un agrume à mains nues. Citron pressé, c'est ça, citron pressé de grandir et d'être forte, de tout faire, tout découvrir et tout savoir, citron pressé d'être belle, intelligente, d'avoir une bonne situation, citron pressé d'être amoureuse... et puis surtout d'être sexy, avec la peau qui pique mais qui attire aussi, citron pressé d'avancer dans mon corps compressé, citron pressé de vivre et de sourire et de dire oui et puis surtout d'aimer tous ceux qui m'ont serrée, caressée, écrasée, tirée tout le jus de mon coeur d'agrume citronné.

On m'a tellement citron pressé que j'ai l'amour amer au fond du verre. Plus de jus, plus de pulpe, mais pas mal de pépins, des pépins à foison et à vif et au fond de mon acide citron. On m'a tellement citron pressé que mon acide citrique est devenu nitrique, qu'il faudrait plus grand chose pour calciner les regards des presseurs trop pressés qui pensent pouvoir piquer mon écorce zestée.

Alors maintenant tu vois, il faudrait juste un peu de sucre, un peu de miel même indigeste, même en si grande quantité que mes artères en seraient bouchées. Je veux du sucre à volonté, pas d'aspartame, pas de chiqué, mais de la douceur un tout petit peu ou un peu trop mais de la douceur pour garder juste un goût de citron tout à l'arrière de mon palais. Pour pas te bruler quand tu vas arriver ou bien t'offrir une limonade, un truc léger d'ado un peu attardé qu'on n'a jamais citron pressé.

vendredi 30 avril 2010

La plus que vive

Tu meurs à quarante-quatre ans, c'est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j'aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j'appelle jeune, c'est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d'amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le coeur a la jeune pour lui, en lui, avec lui. Je t'ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur. L'amour était sans doute en toi depuis ta naissance, de même que sa petite soeur, la gaieté. Le désespoir a du venir avec l'éclat de tes seize ans, avec l'intuition qu'il n'y a jamais de répondant à l'amour, que l'amour est comme dans ce livre d'Emily Brontë : un fou qui court les montagnes, une parole déchirée par le vent, sans écho. Les hommes ne savent pas répondre à cette parole-là. Il ne faut pas trop leur en vouloir. Qui sait répondre au vent qui court dans les genêts?

La plus que vive - Christian Bobin

lundi 15 mars 2010

Dr House


* Only Huuuuugh can do make all this world seem right
O-only Huuuuugh can do make this darkness bright *

Je sais pas comment vous expliquer, docteur... j'ai toujours eu une bonne santé, pourtant, mais là... tout va de travers. Ca a commencé brutalement... les jambes coupées, voilà. J'ai eu un malaise, le sol qui flanche au-dessous de moi et depuis ça, j'ai comme deux poids morts sous le ventre que je traine à longueur de journée. Non, je ne suis pas paralysée, d'accord... mais presque! Vous croyez que c'est quoi? La moelle épinière? J'y ai pensé parce que figure-vous que j'ai des douleurs terribles dans le dos. Comme si ma colonne vertébrale ne tenait plus rien. Je suis comme... désossée. C'est possible ça? De perdre un os en route? Oui, je m'en serais rendue compte mais tout de même, ça expliquerait les douleurs musculaires : si tous mes muscles doivent se débrouiller tout seuls pour tenir en place, je laisse imaginer le tableau. Enfin, vous connaissez votre métier, bien sûr. Oh, je sais bien que vous avez du voir des choses bien pires mais je ne suis pas une chochotte, docteur! Si je vous en parle, c'est bien que quelque chose ne va pas. Vous comprenez... c'est comme si plus rien ne marchait en moi, vous voyez? Comme si tout s'était arrêté, comme si tout faisait grève. Comme si tout refusait de fonctionner.

Je vous ai dit que je n'arrivais plus à manger non plus? Rien de rien! Plus aucun goût, j'ai une atrophie des papilles, je crois. Ou alors, l'impression de ne plus avoir de ventre, ça vous dit quelque chose? On dirait qu'il est plein de ciment. C'est faux bien sûr, je n'en ai pas mangé, je vous rassure. Mais je le sens, là, le ciment. Plus rien ne bouge là-dedans, plus rien ne gigote, ça respire plus. Ca doit bien vouloir dire quelque chose, mais j'ai pas trouvé sur Google.

Mais en fait docteur... c'est cette fatigue, surtout, cette fatigue... C'est épuisant de transporter un corps qui ne veut plus vivre, vous voyez? Un corps qui hiberne, qui s'est éteint... c'est épuisant, docteur, épuisant. Je sais pas, il faudrait peut-être remplacer des choses? On fait tellement d'organes artificiels, aujourd'hui, il y a bien des solutions pour me soulager, m'aider un peu, pour ne pas que j'ai à me porter moi tout seule, non? Ca marche comment, un coeur en métal, par exemple? Je pourrais faire moins d'efforts avec ça, vous croyez?

Oh non, non, je n'ai pas besoin de pilules, de comprimés ou de piqûres de je ne sais quel fortifiant, non, rien de tout ça docteur. Ce n'est pas pour ça que je suis venue. Mais vous qui vous y connaissez là-dedans, dans tout ce qui est psychanalyse, psychologie, psychiatrie, tout ce qui touche à ça, vous voyez? Vous qui savez comment faire, docteur, peut-être que vous, vous pourriez... peut-être que vous, vous arriveriez à lui parler, docteur. Il faut lui dire de revenir, docteur, il faut lui dire de revenir.

mardi 23 février 2010

The Big Scratch Theory



"L'implosion est l'inverse de l'explosion. Elle se produit lorsque la pression externe à un objet est plus grande que celle à l'intérieur et que cette différence est assez grande pour briser la résistance mécanique de ce dernier. Elle se produit soudainement au point de rupture de la résistance et projette les débris vers l'intérieur de l'objet."


Je ne l'écoute plus.
Il continue de parler mais sa voix est étouffée, comme à travers un tunnel.
Il parle et je pense à des plumes.
Ou plutôt non, à de la neige. Un épais tapis de neige qui met le monde en sourdine et sur lequel je me suis écrasée mollement à la première de ses paroles.

C'est donc ça, une implosion dans le vide?

A peine un bruit, un chuintement au moment de l'impact, un murmure au ralenti. Comme un crash qui durerait des heures. Autour de moi, tout tourne avec une lenteur démesurée. Je ne reconnais plus rien. Je fixe mes pieds pour contrôler le tournis et me concentre sur la neige, sur le silence qui m'envahit, plus pesant que le plomb qui s'insinue dans mon estomac, dans mon thorax et dans ma bouche. Je m'enfonce doucement dans la glace moelleuse.

Alors c'est ça... une implosion dans le vide. Où rien ne se propage, ou rien avale le tout et le fait disparaitre le temps d'un chuintement. Où le souffle comme aspiré vers l'intérieur emporte tout sur son passage, paroles, gestes, raisons, emporte tout et l'enferme dans un espace pourri, là bas, quelque part entre mon sternum et mon diaphragme. Je ravale cette histoire et sens ses mille morceaux me ronger l'édifice.

Je voudrais quitter ça, je veux du bruit autour de moi, des cris, des larmes, des bris de verre pour lacérer mon dégoût, pour que le plomb dans ma gorge s'envole pour le fracasser lui. Je veux du son et des grands gestes, je veux des bouches grandes ouvertes.

Mais je m'enfonce de plus en plus et m'assois sur les marches en glissant. Je ne peux plus parler, je ne peux plus bouger. La glace m'emprisonne et je retiens mon souffle pour ne jamais qu'elle me libère.

lundi 22 février 2010

L'irréparable.

* Shit night again *


J'avais un capital
capital
un capital love, liebe, amore, àst, sér, kärlek, kahnu, dashuri, gharau, mahabr, prem, ishta, myiya, ài, rakkaus, sarang, koerlihed, merout, armastus, agapi, ahava, serelem, pyaar, asmore, meile, okwagala, tia, kjoerlighet, mahabât, ljubov, ljubezen , here, cham-po, mbëgeel, ...

J'avais un capital d'amour à l'international que je pouvais déployer pour arroser mes pas de baisers multilingues. J'ai créé un langage mieux que l'esperanto.
J'ai créé la langue avec mon capital trop grand.

J'ai pris mon capital et l'ai balancé par la fenêtre, l'ai fait fuir dans des flaques de plasma, sur l'oreiller virtuel des corps cent fois chéris. Je l'ai gaspillé en le lançant dans des windows fermées, windows réfléchissantes qui renvoient ce dont on ne veut plus, windows qui encombrent de dépouilles les lancés inutiles.

Sous le plasma, mon amour a glissé et sous mes yeux s'est liquéfié.

Et je suis là sans écouter.
Comment aller dormir quand ça vague dans ma tête, quand ça pulse comme un sanglot, quand ça m'envahit et que je suis mouillée jusqu'aux os, mouillée dans mon ventre où mes ventricules se battent, trempée par les vagues qui gigotent, par la mer déchainée au dedans de ma tête, la mer qui se réveille quand on l'arrose, quand on l'arrose.

Et chaque soir, sous la fenêtre, j'entends des voix, des voix d'enfants, la voix de mon enfant qui crie.

Alors je roule d'un bout à l'autre de l'autoroute, attendant qu'un camion vienne barrer le bitume.

Je roule et je m'arrête.
J'attends le CRASH, le BOUM, le SPLASH.

vendredi 19 février 2010

I'm dumb and dying and cannot conjure the energy to care


My stupidity is clumsy and careless
My excuses they're empty and thoughtless
I speak with indifference
If I apologize I don't see the point
If you have to try to be sincere
So accept my silence
Cause I've got nothing to say

I lack beliefs to dictate my actions
I am the motion of my daily attractions
They've taken my mind
And left a few frustrated attempts
To recycle or salvage whatever lef of myself
I'm running through water
When I should just swim

My room's like a vacuum tonight
Our lives only have the values we chose to apply
The silence like oil swirls
And comes to life

I know I'm not gone yet but time's running out
I'll accept my destiny, spend my time getting drunk
And I'll hurrah with the corpses
And pretend what I feel is real
We'll toast suicide with our abandoned eyes undertoning all our cheers
And we'll suffer without protest
Until we can't feel a thing

My room's like a vacuum tonight
Dark silhouettes heave under drunken sight
The silence like oil swirls
And comes to life

My stupidity is clumsy and careless
My excuses they're empty and thoughtless
I speak with indifference
If I apologize I don't fucking see the point
If you have to try to be sincere
So accept my silence
Cause I've got nothing to say

Sight like december

mardi 16 février 2010

Follow the yellow brick road.

* Depuis je suis peureuse *

J'avançais droit sur le chemin, moi, j'avançais droit, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats, j'avançais calmement sur les pavés polis, ni chaud ni froid, juste à température ambiante. J'avançais pas à pas, en pénitence, et la forêt était loin derrière moi, je crois, loin derrière moi.

Et puis, comment te dire, et puis tu m'as bousculée et dans la bousculade, tu as pris ma main ; tu arrivais en sens inverse sur le chemin et dans la bousculade, comment te dire, tu as glacé ma main. Je me suis figée là, toute étonnée de ce froid dans ma main qui brûlait tous mes membres et faisait exploser ma tête. Je me suis figée là, me suis craquelée comme autrefois, comme la boue qui subit les différences d'intempéries. Je me suis figée là et j'ai suivi ta main sur le chemin qui remplaçait mes jambes et transfusait du carburant. Et je te suis maintenant, je te suis, accrochée que je suis, je te suis en courant, débraillée, ébahie, les yeux plantés à l'arrière de ta tête, à l'arrière de tes yeux plantés dans l'horizon. Et ce n'est pas que j'aime pas ça, ce n'est pas que j'aime pas faire confiance à ta voix, à ta chaleur et à ton froid qui m'ont recraquelée pour mettre des sensations dans tous mes interstices, mes interstices bouchés avant la bousculade. C'est pas que j'aime pas ça, tes cheveux dans mon horizon ou tes épaules pour toute indication. Mais qu'est-ce qu'il me restera, à moi, quand tu lâcheras ma main sur le chemin que je ne reconnaitrai plus à force de regarder ta nuque? Qu'est-ce qui me restera à moi quand je n'aurai plus suffisamment d'élan à force de me calquer sur tes pas? Tu seras là, toi, pour m'apprendre à marcher sans toi? Qu'est-ce qui me restera à moi quand t'auras plus besoin de moi?

Qu'est-ce qui me restera à moi quand il me faudra être une femme sans homme, quand il me faudra réapprendre à avancer droit sur le chemin, sûre de mes pas, les yeux plantés dans l'horizon, le souffle calme, les cheveux plats? A quoi me servira cette féminité là, cette baudruche crevée qui a tant amusé? Me faudra-t-il encore une fois me battre et me gonfler à bloc avec des rustines? Faudrait-il cette fois prendre un autre chemin, autre chemin que toi, avant la crevaison, avant d'atteindre l'horizon?

Je n'ai pas de réponses à ça, tu vois, pas de réponse à ça. Alors je serre ta main pour pas que tu la lâches et je serrerai si fort, je serrerai encore jusqu'à t'arrêter toi, jusqu'à te lâcher toi, et reprendrai ma route sur les pavés polis - et sous anesthésie.

mardi 26 janvier 2010

To you.

* Et quand ça vient dans mes doigts
Je n'mens pas
J'te jure ça parle de toi
Peut-être un peu fort quelquefois
Mais il faut pas t'en faire pour ça *

C'était la première fois qu'il prenait sa guitare. Je ne l'avais jamais vu jouer avant. Assise là sur le canapé à regarder la nuit par la fenêtre, je l'ai entendu commencer à égrener des notes à côté de moi. Tout était calme, tout était bien. J'ai serré ma tasse pleine de tisane un peu plus fort entre mes mains et j'ai posé ma tête sur le dessus de son épaule. J'avais froid, j'aurais voulu me coller contre lui mais il y avait sa guitare contre son corps. Alors je me suis contentée de ça, du contact de sa clavicule contre ma tempe.

"Joue-moi un air", je lui ai dit, "joue-moi un air" et c'était les premiers mots que nous prononcions depuis longtemps. Des mots qui ne brisaient pas le silence mais qui le prolongeaient.

Alors il s'est mis à chanter et j'ai fermé les yeux. Sa voix était un peu rauque, un peu forcée. Et les notes coulaient sur les cordes et résonnaient au-dessus de nos têtes.

Mais je gardais les yeux fermés.

Quand enfin je l'ai regardé, il y avait une autre femme entre ses mains, entre ses mots, entre les formes de sa guitare.
Un fantôme dans ses paroles.
Une silhouette dans ses pupilles.
Un autre corps sous notre lit.

Il chantait pour une autre et c'est comme ça que j'ai compris.
J'ai commencé à pleurer.
"C'est beau", je lui ai dit", "c'est beau", et j'espérais ramener à moi ses mots.

Mais les notes s'envolaient au-dessus de nos têtes et la nuit est entrée lentement par la fenêtre.
Sa voix s'est étranglée.
Et je n'étais plus là.
J'étais déjà une étrangère.
Et ma tisane était froide.

Nous n'avons pas fait l'amour cette nuit là.
Je suis partie le lendemain, sans un mot.
Tout s'est fini sur une chanson qui n'était pas écrite pour moi.

dimanche 17 janvier 2010

Voyage voyage

* Retour du lyrisme... haem *

J'ai connu un marin dans la rue des Noyés. Il s'était amarré au pied de mon comptoir, l'ancre fichée au sol, les yeux dans l'horizon. Sa langue s'est déroulée en voyages par milliers, il a délié la mienne et apposé dessus un goût de liberté. Sa peau portait sur elle le sel de toutes les mers, ses mains renfermaient seules des crevasses, des canyons, sa bouche soufflait le vent des très grands océans et j'ai passé mes nuits à compter en dormant le sable de ses cheveux qui nourrissait mes rêves.

J'ai connu ce marin dans la rue des Noyés et j'ai pris son bateau qui passait sur le bar. Ses lèvres portaient encore les traces des épices, collaient encore de miel et de fleur d'oranger et ont rempli mon ventre d'essences exotiques en guise de carburant.

J'ai connu ce marin dans la rue des Noyés. On a quitté la rue pour prendre son voilier. Et en haut de son mât moi je n'ai plus le mal de mer. Je découvre le monde et la vie au grand air. Je n'ai plus peur de rien et je contemple au loin les terrains dévastés, les champs de solitude que j'ai abandonnés pour ceux des longs cordages et des mots qui frivolent avec la crête des vagues.

Mon histoire est sans chute car je voyage encore
de mer en mer
de ville en ville
de port en port.

lundi 11 janvier 2010

jeudi 7 janvier 2010

J'ai un problème...

Les belles choses, moi, je sais pas les dire.
Gratter mes croûtes ça, ça va, je sais faire.
Mais les belles choses veulent pas sortir.

J'ai essayé, pour de vrai.
Mais ça reste là.
Pas besoin d'exorciser tout ce qui fait du bien.
Et au-delà de ça, je trouve trop impudique d'étaler du bonheur.
C'est trop direct, trop personnel.
J'ai pas de problème en général à raconter le cru, à prendre les mots comme des coups de poing.
Comme des coups de poing, mais pas comme des caresses.

Alors c'est pas que j'écris plus ou que je dis plus rien.
C'est juste que je sais pas trop comment faire.
J'ai fait des tentatives.
Qui donnent pas grand chose.

"Quelque chose a changé et j'ai rien calculé.
Ca a commencé...
Ca a commencé par une noyade.
Accrochée à un bar avant de m'accrocher à sa main de m'accrocher à son cou de m'accrocher à son bras de m'accrocher à la rampe de m'accrocher à la porte de m'accrocher à la poignée (parce que je savais pas quoi faire) de m'accrocher à ses lèvres (parce qu'il m'a montré quoi faire) et donc de m'accrocher au lit de m'accrocher aux draps de m'accrocher à ses rideaux de m'accrocher au téléphone de m'accrocher à mon envie de m'accrocher à ses paroles de m'accrocher à sa peau de nouveau et à sa main encore une fois de m'accrocher à nos peurs de m'accrocher à des espoirs de m'accrocher au ciel de m'accrocher à un parfum de m'accrocher à lui dans ma vie, je suis maintenant accrochée à un t-shirt qui n'est pas à moi et je ne comprends pas grand chose si ce n'est que ça fait tout un paquet d'accroches auxquelles je m'accroche pour pas que ça décroche."

Laboratoire, donc...